Description
Un Monde Sans Nous – Jérôme Thomas X Emmanuel Dubois
Peinture sur illustration – 100×70 cm – Edition de 20 exemplaires signés, non numérotés,
réhaussés à la demande. 130e
STS-JEC crew
Je bosse sur tellement de projets en simultané avec mon cousin que j’en oublie certaines…Un soir, il me relance sur cette création de Hong Kong.
Emmanuel
-J’t’envois le visuel, je l’avais complètement zappé !
Moi
-Moi aussi ! Wow ! L’image est incroyable ! J’en crois mes yeux !
A la base, j’avais sollicité son génie numérique pour agrandir une photo trouvée sur shutter stock avec un filigrane qui balafrait la photo de gauche à droite. Techniquement, on peut maintenant agrandir n’importe quelle photo pour en faire un poster. Sur la version qu’il m’envoie,
je ne sais plus ce qui est vrai tellement sa fiction dépasse notre réel.
Le format de 100 x 70 cm est un terrain de jeu fantastique pour mes micros-graffitis, mes signes,
mes coloriages. Les immeubles mènent à une ligne de fuite quasi infinie accueillie par une montagne verdoyante, vestige d’une terre autrefois « luxu-riante ».
Cette création fait écho à « Blaze Runner », une photo nocturne de Hong Kong peinte 4 ans auparavant qui avait eu un franc succès.
Je me met rapidement à l’ouvrage en partant sur le thème de l’écoterrorisme. Je décide de séparer l’image en trois zones, à gauche les slogans, à droite mes signes, au centre les graffitis. Je ne sketch pas, je pars en improvisation contrôlée comme toujours. Je « tague » des slogans éco-conscients en détournant des slogans féministes (Ma planète, mon choix, Ni plastique, ni toxique) ou propres aux droits civiques (Earth lives matter, I have a green dream, Stop Killing Us) et politiques (make human great again). Sur la partie de droite, je dessine mes signes en mélangeant feutre à alcool et poscas fins, la magie opère assez rapidement. Les couleurs des bâtiments sont déjà dingues, je m’aligne dessus en faisant quelques incartades chromatiques.
Mes collègues passent voir sur quoi je travaille, ils sont marqués par la puissance du visuel. Je les invite à poser leur griffe dans la ville virtuelle, tout excité que leur talent se combine au notre.
Twopy vient poser sa souris, il est chaud comme le climat, Sethone vient poser un flop « SE » et deux lettres en bloc « TH » qui repasse un slogan qui respectait mal la perspective folle du bâtiment. Alexone me laisse peindre un de ses pingouins psychédéliques, celui qu’il a peint
sur la façade de notre village auparavant et Katre vient poser un graff magnifique. Je peins le légendaire graffiti de Dondi photographié par mon idole, Martha Cooper sur l’un des immeubles centraux en utilisant mes lunettes binoculaires. Je vous confirme que c’est toujours aussi compliqué
de « bien » dessiner » des minis-graffitis, ou d’avoir un minimum de style sur des micros tags,
la moindre déconcentration altère la qualité du rendu.
L’altérisme, c’est le nom du mouvement artistique qu’on a crée avec mon collectif JEC, composé de mon père Christian Thomas, artiste, de mon cousin Emmanuel Dubois et de moi-même. On f(r)ictionne le réel comme sur « Un Monde Sans Nous » pour créer une version artistique de la réalité. On retranche certains éléments pour réenchanter ou noircir un futur en devenir.
Nos œuvres baignent clairement dans une veine post-apocalyptique, espérant la fin d’un monde qui agonise, ou l’humain est devenu un produit comme un autre à la solde d’un système sans âme ni honneur. La seule présence humaine est représentée par les voitures abandonnées au fond de la rue.
Il semble que la montagne qui surplombe ce chaos graffé, bariolé de couleurs et de slogan, règne à nouveau sur une terre privée d’humains. Grand bien lui fasse, elle enfantera sans nul doute, une nouvelle race d’animal conscient dont toute l’intelligence n’aura pas été mis au service de la destruction de son propre berceau.
Alors que j’écris ses lignes, j’entends les cris d’un enfant qui pleure, tout droit venu de cette cité aux 10000 lucarnes. Est-ce le dernier Homme, ou le premier d’une nouvelle génération avide de rejoindre ses frères de l’espace ?